Souvenirs d'un soir d'hiver

Le soleil se couche sur les baobabs, alors que nous roulons tranquillement "en touristes". Ma main est posée sur son bras, et de temps à autre il tourne la tête vers moi, souriant de toutes ses dents. Le portrait d'un homme heureux, d'un couple paisible et amoureux. Ce vendredi, le dernier de mon séjour, est le premier jour où nous avons assez de temps pour faire cette petite excursion le long de la côte. Pour une fois nous ne sommes pas entourés d'un ou plusieurs membres de sa famille étendue: neveux, nièces, frères, soeurs, et nous en profitons pour discuter tranquillement, pour jaser doucement, roucouler en amoureux.

Nous nous arrêtons près de cette mosquée sur le bord de l'eau, très belle, et comme c'est l'heure de la prière, annoncée par la voix forte du muezzin, nous y entrons. Ces endroits m'impressionnent toujours, même lorsqu'ils sont plutôt modestes. Il s'y dégage une ambiance qui me charme et m'apaise. Plus tard, nous pénétrerons également dans cette petite église érigée sur le lieu d'un pélerinage à Marie, mais je ne suis pas envahie par les mêmes sentiments. Quant à lui, je ne sais pas si c'est la première fois qu'il met les pieds dans une église, mais ses commentaires une fois dehors m'ont fait voir d'un autre oeil ce que j'ai souvent regardé sans vraiment voir.

Sur le bord de la route, nous voyons des moutons, des ânes, et même parfois nous devons nous arrêter, cédant le passage aux troupeaux de bétails qui traversent lentement la petite route.  Rigolo, alors que lorsqu'il s'agit de piétons, personne ne ralentit. (Moins rigolo pour les piétons). Mais je suppose qu'un boeuf est beaucoup plus gros d'un homme. Nous voyons aussi, à l'entrée des villages, des étals de marchandises, des kiosques ou l'on vend pastèques, pains, oranges, charbon, pacotilles et gadgets, légumes ou fruits variés. Images de film qui me viennent en tête, cinéma dont en ce moment nous sommes les vedettes.

Le lendemain il y aura une petite fête "chez nous", et je rentre le lundi. Pas trop envie de partir, de le quitter déjà, et pour combien de temps? Nous ne savons pas quand nous pourrons nous revoir. Je partirai avec le dossier, les documents remplis et dûment signés par lui, pour le faire venir ici. À notre tour d'attaquer la bureaucratie, souhaitant que tout se passe bien, et rapidement. Je partirai le coeur gros, mais avec l'espoir de le retrouver le plus vite possible.